PAYS DES COLLINES |
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Sur les Hauts de Flobecq blotti entre les hameau Sainte-Anne et Tournibois, le gîte Het Leemhof attire les regards des baladeurs impénitents. Son concepteur, Erik Telen l'a construit à l'ancienne, de ses propres mains. Touristes et curieux se pressent déjà aux portes de la trapue maison de terre et de paille. Originaires d'Anvers, Erik Telen et son épouse Gerd ont jeté leur dévolu en 1992 sur un paisible lopin de terre, situé à deux jets de pierre du Potelberg de La Houppe, point culminant du bossu Pays des Collines. "Nous étions à la recherche d'un coin paisible, retiré de tout. Nous avons découvert la région par accident, et en sommes immédiatement tombés amoureux. La visite du terrain s'est faite un samedi de décembre. Le lundi suivant, nous avons signé l'acte de vente", se souvient Erik Telen, aujourd'hui contrôleur au ministère des finances. Collinard d'adoption à l'imagination débordante, Erik est aussi de ceux qui ont "une brique dans le ventre" et de l'or dans les doigts. Il se passionne pour les théories de l'architecture à l'ancienne et imagine d'édifier dans son nouveau domaine un gîte rural à l'aide de matériaux basiques "Par souci d'écologie et pour retrouver un peu de cet esprit du passé", nous confie-t-il. Il introduit son dossier à l'urbanisme, d'après les plans de l’ architecte P. Claes que l'idée du pan de bois a séduit. Le permis de bâtir lui est refusé dans un premier temps, l'urbanisme estimant que ce type de construction risque de faire tache dans le paysage flobecquois ! Mais à force de ténacité et après maintes démarches administratives, le couple obtient finalement satisfaction et peut enfin s'attacher à entamer les premiers travaux. La technique du pan de bois, c'est d'abord un réseau dense de branchage entrelacé (clayonnage) et soutenu par une armature de poteaux en bois. Deux mille poutres de chênes ont été nécessaires pour la construction du Leemhof ! Préparée avec de la paille de lin, l'argile est maçonnée entre les colombages et plaquée sur le clayonnage. L'opération est réalisée par l'extérieur et l'intérieur, en pétrissant la matière pour obtenir une bonne liaison avec la structure. "Pour le pan de bois, on travaille avec des matériaux sains et à portée de main. La terre est une matière première disponible et peu chère", continue Erik, l'autoconstructeur qui s'est souvenu qu'autrefois on se servait de l'urine de cheval pour l'humidification de certains mélanges argileux. "C'est la meilleure protection contre l'humidité", martèle M. Telen. "J'en ai utilisé plus de 6000 litres, mais j'avoue qu'il n'a pas été facile de faire la récolte du précieux liquide. Les propriétaires des manèges de la région m'ont souvent regardé avec curiosité !". L'aspect peu conventionnel du bâtiment suscite la curiosité du
voisinage et des passants qui s'interrogent aussi sur sa solidité. Mais
le mariage entre le bois et la terre-paille offre une résistance mécanique
à toute épreuve, et les colombages garnis d'argile ravivent le charme
de la construction à l'ancienne. L'édifice se caractérise
aussi par le débordement important de sa toiture en tuiles flamandes, une
astuce architecturale pour se prémunir davantage des fortes pluies. Chaleureux,
rustique mais harmonieux et confortable, l'intérieur des lieux constitue
une véritable invitation au cocooning ! Stéphane Deroubaix
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