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TOUR DU MONDE DE LA TERRE EN ARCHITECTURE:
HIER ET AUJOURD'HUI













C Un Matériau et des mises en oeuvres millénaires

Le matériau
Il est étonnant d'observer combien les matériaux d'une architecture peuvent prendre la couleur du paysage qui les entourent, combien les murs de terre rouge des cottages du Devon anglais mimétisent les champs labourés et vallonnés ou encore les murs jaune orangé des granges de terre du Hainaut belge et français.

La connaissance par le bâtisseur des éléments qui composent le sol est impérieux. La terre peut être façonnée grâce à l'argile qui joue un rôle naturel de cohésion. Il sait que le matériau est économique et isolant et il sait aussi que la qualité de la mise en oeuvre dépendra du type de terre employée.

Il peut rencontrer une terre graveleuse, une terre organique (tourbe), une terre sableuse, une terre limoneuse, une terre argileuse. Il la mettra en oeuvre en fonction des qualités de chacune afin de prévoir le comportement du matériau. Ainsi, peu d'argile dans la terre employée et le mur risque de s'effriter, les fissures apparaîtront s'il y a trop d'argile. Avec ses expériences et ses échecs, à la suite d'un examen sans outillage sophistiqué, il reconnaîtra

  • sa texture, son grain et si elle sera difficile à travailler;
  • sa plasticité, son attitude a être modelée, trop humide, elle se fissurera;
  • sa cohésion, le résultat ne collera pas si elle possède beaucoup de caillou et peu d'argile;
  • sa compressibilité, son aptitude à se laisser comprimer et à réduire au maximum sa porosité c'est-à-dire empêchant l'eau de pénétrer.

La mise oeuvre du matériau terre
La simplicité du matériau et une mise en oeuvre qui ne demande pas un outillage rudimentaire permet une auto-construction, une architecture sans architecte.

Construire en terre est économiquement bon marché : on emploie un matériau local et disponible et la main d'oeuvre se base sur une entraide de voisinage rural en Europe et sur la participation collective villageoise dans les pays du Tiers Monde.

En récoltant quelques verbes d'actions pour obtenir des murs massif ou des briques ou du torchis, nous voyons tout de suite le nombre important et la simplicité écologique des tours de main issus des traditions de construire en terres qui traduisent l'identité des lieux et des cultures diverses:

-remplir par coulage, façonner directement, empiler des mottes à la main ou avec une bêche, mouler en brique, plaquer sur clayonnage, compacter dans un moule.

 

On en dégage trois principes fondamentaux de construction en terre crue:

1. la technique des murs mixtes;
ce sont tous les bâtiments dont la structure portante est constituée d'une ossature de poteaux en bois, la terre est plaquée ou coulée sur un lattis ou un tressage vertical ou horizontal de branchage souple (appelés clayonnages) qui remplissent les vides entre les pièces de charpente.

On rencontre dans cette technique des bâtiments en colombage dont la charpente apparente est assemblée avec des bois de grosses section (là l'art du charpentier est nécessaire) et des bâtiments en torchis où les éléments de charpentes sont réduits et les parois sont minces, ici la terre a pour fonction de rigidifier l'ensemble de la construction.

La terre est protégée par un badigeon de chaux blanche en milieu rural, colorée en milieu urbain dont les traditions et les usages ne sont pas datés, la charpente du colombage est généralement laissée apparente alors que des badigeons de chaux couvrent toutes les surfaces des bâtiments en torchis.

2. la techniques des murs appareillés;
Le principe le plus répandu consiste à élever des constructions en façonnant des blocs ou des mottes de terre dans des moules pour constituer des briques séchées au soleil. Elles sont utilisées pour des maçonnerie, des voûtes et des coupoles avec un mortier de même composition. L'adobe désigne la brique crue, vocable qui vient de l'égyptien thobe, brique ; attob: arabe, adobe: espagnol).

 

3. la techniques des murs monolithiques;
Il s'agit d'élever des murs en terre crue qui portent la charpente du toit sans avoir besoin d'être renforcé par des supports verticaux en bois. On distingue le principe de façonnage direct, le principe du Pisé et le principe de la Bauge

Le façonnage direct:

Il s'agit d'une terre façonnée directement sans coffrage ni moule grâce à la plasticité de la terre humide. La terre sableuse ou riche en argile est malaxée avec de la fibre végétale comme la paille hachée qui évite les craquelures lors du séchage. Cette technique comme celle du potier permet une diversité de formes de terrasses, coupoles, voûtes et un outillage simple: les mains, les pieds.

 

le Pisé: (lien avec animation 3 images j, k, l)

(Dauphiné, Normandie, Maison à étages de Lyon)

On bat la terre très sèche et riche en gravier(sans ajout de paille ni d'eau), entre des planches d'un coffrage (les banches) qu'on déplace au fur et à mesure de l'avancement du travail. Les murs épais, compactés progressivement dans le coffrage avec un outil remplacé actuellement par des fouloirs pneumatiques, s'élève lit par lit. Si le mur n'a pas reçu de badigeon de chaux, les différentes assises successives sont reconnaissables ainsi que sont visibles les trous d'emplacement des coffrages.

 

La bauge:

(Normandie, les bourrines de Vendée, cottage en cob du Devon Cornouille, et d'Ecosse à 1 ou 2 étages, logement et dépendances, bauge française et du Hainaut belge)

Aidés de leur 50 centimètres d'épaisseur, les murs sont constitués d'assises superposées continues de plus ou moins 60 centimètres de hauteur. Le bâtisseur réalise une assise en déposant à la fourche et tassant aux pieds des pains de terre mêlés de lits de pailles et d'eau. La surface du mur est rectifiée et égalisée à la bêche. Le temps de séchage est long vu la forte humidité de la terre mouillée (inconvénient que nous ne trouvons pas avec le pisé), mais l'édifice supporte les hivers froids et venteux. Les murs épais de ces constructions ont peu d'ouvertures, la poutre d'entrait de la charpente est ancrée dans les murs latéraux , le pignon vide comme la charpente recevait une couverture de chaume (remplacée à l'heure actuelle par la tuile ou la tole ondulée).